Les solutions face à l'anorgasmie : Comprendre, explorer, et retrouver le plaisir
- Manon Despres
- 12 déc. 2024
- 6 min de lecture
L’anorgasmie, ce terme médical qui désigne l’absence ou l’incapacité à atteindre l’orgasme, cela peut sembler être un sujet complexe, mais il est bien plus commun qu’on ne le pense. Environ 10 à 15 % des personnes assignées femmes à la naissance n’atteindraient jamais l’orgasme, selon des études. Actuellement, les études médicales suggèrent que l’orgasme est atteignable pour toutes les femmes, avec le temps, l’expérience et l’apprentissage. Mais est-ce que c’est vraiment aussi simple que ça ? Dans cet article, nous décryptons l’anorgasmie, ses causes, et surtout, les solutions concrètes pour y remédier.

1. Qu’est-ce que l’anorgasmie et d’où vient-elle ?
L’anorgasmie peut prendre plusieurs formes :
Primaire : vous n’avez jamais connu d’orgasme.
Secondaire : l’orgasme vous a déjà fait un clin d’œil, mais il s’est fait la malle.
Situationnelle : il arrive dans certaines situations (seule ou avec un·e partenaire) mais pas dans d’autres.
Les causes sont aussi variées que personnelles :
Psychologiques : le stress, la culpabilité liée à la sexualité, des traumatismes, ou encore la pression de la "performance" (merci les films avec ces scènes irréalistes…).
Physiologiques : déséquilibres hormonaux, douleurs, ou encore certains médicaments.
Relationnelles : un manque de communication ou d’intimité émotionnelle peut créer des blocages.
Et parfois, c’est un mélange de tout ça. Mais parfois se concentrer sur la cause nous fait passer à côté du problème. Alors, peut être qu’il est temps de passer à l’action !
Les causes organiques de l'anorgasmie
Certaines causes organiques peuvent jouer un rôle déterminant dans l'apparition de troubles de l'orgasme. Des pathologies chroniques, telles que le diabète ou l'hypertension artérielle, ainsi que des affections comme les maladies rhumatismales ou des douleurs chroniques, peuvent impacter directement l'axe neurophysiologique du plaisir. Des suites opératoires ou des traitements contre le cancer peuvent également altérer la réponse sexuelle. Par ailleurs, des états de fatigue intense, comme le burn-out, ou des variations importantes du poids, telle l'obésité ou les TCA, peuvent influencer négativement le seuil de déclenchement de l'excitation et de l'orgasme. Ces facteurs, parfois combinés, soulignent l'importance d'une prise en charge globale, associant une évaluation médicale à un accompagnement psychosexuel personnalisé.
2. Le chemin vers l’orgasme passe par la connaissance de soi
A. Explorez votre corps Votre corps est unique, et la clé est de le découvrir. Pour cela, rien de tel que la masturbation, un outil puissant pour se reconnecter à ses sensations. Exercice pratique : Prenez un moment pour vous, seul·e, créez une atmosphère propice à la détente et à la sensorialité (lumière, bougie, coussins, musique…). Testez différentes caresses, rythmes, pressions, ou utilisez des jouets intimes si vous en avez envie. Et pourquoi ne pas explorer des zones souvent oubliées comme les seins, le cou ou les cuisses ?
B. Déboulonnez les mythes Non, tout le monde n’atteint pas l’orgasme par pénétration vaginale (seulement 18 % des personnes à vulve le peuvent régulièrement). Le clitoris, ce héros discret, est toujours la star du plaisir, si il ne procure pas suffisamment de plaisir par stimulation interne, essayez de lui rendre visite en externe ! Ce magnifique organe composé de plus de 8000 terminaisons nerveuses, rien que ça est 100% dédié à votre plaisir, alors il est temps de lui accorder de l’attention !
3. Parlez-en : le pouvoir de la communication
Si l’anorgasmie survient dans vos relations, il est essentiel d’en parler avec votre partenaire.
Soyez vulnérable : partagez vos peurs ou frustrations, sans accuser. Par exemple : "Je ressens une pression à vouloir atteindre l’orgasme et ça me bloque."
Explorez ensemble : transformez le moment en une aventure commune, sans objectif de performance.
Et si vous avez du mal à ouvrir ce sujet, une thérapie de couple ou une consultation en sexologie peut être une aide précieuse.
4. Le mental joue un rôle clé
A. Déconstruisez la pression S’il y a bien une chose qui bloque l’orgasme, c’est la pression d’y arriver. Paradoxalement, se détendre et accepter que cela ne soit pas une finalité peut aider. Comme le dit si bien Emily Nagoski dans Come As You Are : "L'orgasme n'est pas une ligne d'arrivée, mais un bonus." Alors l’idéal c’est de prendre son temps et de ressentir.
B. Essayez la pleine conscience Apprendre à être pleinement dans le moment présent peut décupler vos sensations. Exercice pratique : Pendant vos rapports ou moments de plaisir, pour faire taire le mental, prenez un instant pour fermer les yeux et vous concentrer sur votre respiration, ressentez le passage de l’air dans votre corps. Puis concentrez-vous sur vos 5 sens. Que sentez-vous ? Que ressentez-vous ?
5. Améliorez votre environnement et vos habitudes
A. Prenez soin de votre santé physique et mentale Certains facteurs comme la fatigue, une alimentation déséquilibrée, ou un manque d’activité physique peuvent affecter votre désir et votre capacité à ressentir du plaisir. La relation entre une image positive de soi et de son corps joue un rôle essentiel dans la dynamique de l’orgasme. La capacité à atteindre l’orgasme est étroitement liée à celle de lâcher prise et de ressentir du plaisir avec un·e partenaire.
Se sentir bien dans sa peau et éviter de se mettre trop de pression sont des éléments clés : mieux je me connais, plus mes chances de prendre du plaisir augmentent. Enfin, il est également essentiel que le·la partenaire soit attentif·ve aux besoins et aux ressentis de l’autre.
B. Créez une ambiance propice L'environnement dans lequel vous partagez des moments d'intimité peut fortement influencer votre capacité à vous détendre et à vous connecter avec votre partenaire. Pour favoriser un lâcher-prise total, prenez soin de créer un espace accueillant et apaisant.
Commencez par tamiser les lumières : une luminosité douce et chaleureuse aide à réduire les tensions et favorise un sentiment de sécurité. Vous pouvez opter pour des lampes à intensité réglable ou utiliser des bougies pour apporter une touche romantique.
Ajoutez une musique d’ambiance : des morceaux calmes et enveloppants peuvent stimuler vos sens et vous aider à vous concentrer sur l’instant présent. Choisissez une playlist qui correspond à vos goûts, avec des rythmes doux et harmonieux.
Les parfums aussi peuvent jouer un rôle apaisant : des huiles essentielles, comme la lavande ou le musc, diffusées dans la pièce, peuvent renforcer la sensation de bien-être.
Enfin, assurez-vous que l’espace soit confortable et débarrassé de tout élément perturbateur : un lit moelleux, des draps agréables au toucher, et une pièce rangée contribuent à un environnement propice à la détente et au plaisir. Prenez le temps de personnaliser cet espace pour qu’il soit en parfaite harmonie avec vos envies et vos besoins.
6. Et si ça persiste ? Faites appel à des expert·es
Si malgré vos efforts, l’anorgasmie persiste, consulter un·e professionnel·le peut faire toute la différence. Un·e sexologue pourra vous accompagner dans ce cheminement, sans jugement. La prise en charge psychosexuelle
La prise en charge de l’anorgasmie repose essentiellement sur une combinaison entre psychothérapie et sexothérapie. Ces thérapies permettent d’instaurer un changement durable grâce à un apprentissage progressif d’une sexualité différente et d’un nouveau rapport aux pensées et aux émotions qui l’accompagnent.
Parmi les approches proposées, on retrouve :
Une correction des mécanismes psychologiques et des comportements : surmonter le découragement ou l’impatience grâce à des informations claires et à l’apprentissage d’une nouvelle logique de la sexualité. L’exploration du corps aide également à se familiariser avec son plaisir et à s’y reconnecter progressivement.
Un accompagnement psychologique pour gérer les émotions : apaiser les peurs, prendre de la distance face à l’idée de performance, à l’obligation de réussite ou à la « course à l’orgasme ». Cela passe aussi par une meilleure gestion de l’anxiété et des blocages émotionnels.
Un travail sur les sensations : l’objectif est de découvrir (ou redécouvrir) des sensations agréables, d’apprendre à se laisser aller et à s’ouvrir au plaisir. Ce travail peut inclure des exercices de relaxation, de sophrologie ou des thérapies corporelles.
Une thérapie psychologique : elle peut s’avérer nécessaire en cas de dépression, d’anxiété, de sentiment de culpabilité ou de pensées négatives sur la sexualité, sur les relations intimes ou sur la masculinité.
Une thérapie de couple : elle permet d’explorer ensemble les freins éventuels à l’orgasme, de renforcer la communication et de recréer une dynamique sexuelle épanouissante et partagée.
Cette approche globale vise à accompagner chaque personne ou couple vers une sexualité plus sereine, libre de ses freins émotionnels ou psychologiques.
Conclusion : faites la paix avec votre sexualité
L’anorgasmie n’est ni une fatalité, ni une "anomalie". Chaque corps est différent, et l’important est de s’autoriser à explorer, sans jugement. Ce chemin vers le plaisir est avant tout un voyage vers soi-même. Et souvenez-vous : même si l’orgasme n’est pas toujours au rendez-vous, cela ne diminue en rien la qualité de votre sexualité. Profitez du voyage, chaque étape compte !
Et vous, quelle sera votre première étape pour explorer ou redécouvrir votre plaisir ? 🌸
Voici quelques lectures et inspirations pour nourrir votre réflexion :
Emily Nagoski, Come As You Are : un guide incontournable sur la sexualité féminine et les blocages psychologiques.
Masters & Johnson, The Human Sexual Response : pour les curieux·ses de la science derrière le plaisir.
François-Xavier Poudat, Bien vivre sa sexualité
Clarence Edgard-Rosa, Connais-toi toi-même (La Musardine)
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